vendredi 22 juin 2007

AZTEQUES DANSANTS, de Donald Westlake

Amis du polar, bonsoir !
Encore de l'humour dans le noir avec Aztèques dansants aux éditions Rivages/Noir (2006).
Excellent polar, brillant, rédigé d'une plume de maître, où l'auteur s'amuse magistralement avec les lois du genre. L'objet du délit : un prêtre facétieux - un aztèque dansant vieux de mille ans en or massif - qui s'est glissé parmi des copies en plâtre remises en cadeau à seize membres d'une association. Chargé de livrer l'original - en toute illégalité - au commanditaire, Jerry Manelli, as de l'arnaque new yorkais, se voit contraint de le retrouver dans les plus brefs délais. A partir de là, c'est une cascade de quiproquos, de courses poursuites et de renversements de situation qui se déchaîne : les gangsters deviennent sympathiques, le maître de l'arnaque, philosophe et amoureux, et les "gentils" pathibulaires. Cet aztèque entraîne tous les personnages dans une folle danse - qui n'est pas macabre, n'en déplaise aux lois du genre.
Avec en prime, un regard plein d'humour sur New York et l'univers de la ville. Rafraîchissant.
Liens :
Donald Westlake, courte bio et bibliographie

Néopolar nostalgique

Amis du polar, bonsoir !
Dernier de mes engouements, Bastille Tango, de Jean-François Vilar (Actes Sud, collection Babel noir, réédition de 1998) appartient à la catégorie du néopolar, genre postsoixanthuitard qui mêle faits divers et critique sociale.
Paris, Bastille, de novembre 1984 à juin 1985 : la chronique de la démolition du quartier, vu à travers l'objectif de Victor, photographe et collectionneur des monuments ordinaires de ce lieu en voie de disparition. La Boca, boîte à tango de la rue de Lappe, rendez-vous des exilés argentins de Paris, amis de Victor.
Soudain apparaît sur les murs une affiche - un homme torturé sur un fauteuil de dentiste. Puis une rumeur circule : les escadrons de la mort seraient à Paris pour terroriser les témoins qui doivent participer au procès de la junte militaire qui se déroule en ce moment à Buenos Aires. Trois argentins disparaîssent : assassinat ou accident ? disparition volontaire ou enlèvement ? suicide maquillé ?
Plusieurs personnes sont suivies, menacées.
Dans cette atmosphère oppressante, le passé ressurgit et les traits de Buenos Aires se mêlent à ceux de Paris - fresques sur les murs, dessins sur des nappes de bistrot - ou à ceux de toute autre ville, où toutes les disparitions sont possibles...
Entre polar nostalgique et thriller, ce livre est un monument à la ville, lieu d'inspiration du polar, qui, ici, n'est pas seulement le théatre de l'intrigue, mais en est également un acteur à part entière.

TOKYO, de Mo Hayder

Amis du polar, bonsoir !
Avec Tokyo, Mo Hayder nous livre un thriller puissant et hypnotique sur la mémoire et l'identité. (Edition Presses de la cité, collection Sang d'encre, 2005)
Deux histoires parallèles : un journal intime datant de 1937, au moment de la prise de Nanking par les Japonais et le récit de Grey, une jeune Anglaise, fraîchement débarquée à Tokyo. Le journal est le récit d'un professeur d'université pris dans la troumente avec sa femme, et témoin des exactions des Japonais. Grey, jeune femme au passé torturé, est à la recherche d'une preuve historique qui lui permettra de faire la paix avec elle-même. Théâtre de cette quête dangereuse (elle croisera le chemin des Yakuza, la mafia japonaise), Tokyo, ville écartelée entre ses valeurs traditionnelles déliquescentes et un capitalisme sauvage triomphant. Elle renvoie par un effet de miroir aux personnages, qui sont eux aussi en rupture avec leur passé.
Excellement bien écrit, ce livre ne mérite pas seulement de figurer au rang des meilleurs thrillers, mais tout simplement à celui des meilleurs romans , par son humanité et sa profondeur.
Liens :
Mo Hayder, site officiel